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qu'une lame de cuivre destinée à servir de filet sépare les unes des autres. En un tour de main, la page est montée, puis serrée dans son châssis, de manière à former une masse compacte et résistante. Deux épreuves sont faites, une pour les, correcteurs, l’autre pour le rédacteur en chef, et en attendant leurs corrections le metteur en pages se met en mesure de bâtir la seconde, puis la troisième page, tandis que l’annoncier, qui a un département à part, achève l'édifice compliqué de la quatrième.

Enfin tout ce qui concerne la composition est terminé ; le bon à tirer est donné ; les compositeurs plient bagage ; les formes sont descendues dans l'enfer : c'est ainsi qu’on nomme, au Figaro, à cause de la chaleur infernale qui y règne, les sous-sols, où sont installées les presses et la clicherie.

Il est alors deux heures du matin ; à quatre heures les premiers courriers partent et les porteurs de journaux arrivent ; à cinq heures le nombreux bataillon des vendeurs se présente : comment arriver à livrer en temps utile les soixante, les cent mille exemplaires que réclament la vente et l'abonnement ? Voilà le problème à résoudre, sous peine de manquer une partie de la vente, ou de ne pas arriver pour le départ des chemins de fer. Rien de plus simple : il suffit d’avoir un nombre suffisant de presses. Le Figaro en a trois, de ces merveilleuses machines que tout le monde a pu voir fonctionner à notre dernière Exposition, imprimant, coupant, comptant, et, au besoin, pliant vingt mille feuilles à l’heure. Mais, pour alimenter ces trois presses, il faut trois planches, et les compositeurs n’en ont livré qu'une,