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une heure du matin, pour la première édition, l'analyse complète d'un discours, quelque important qu’il fût, présentait une très sérieuse difficulté, mais après deux heures la publication in extenso des débats devenait absolument impossible. Que faire ? Le nombre des compositeurs ne peut être augmenté à l'infini. Le lecteur aura pu remarquer, en effet, dans ce que nous venons de dire de la fabrication d'un journal, que, tandis que le mode de tirage avait fait des progrès qui ne laissaient plus rien à désirer, le mode de composition était resté à peu près stationnaire. Il fallait donc demander à la science quelqu'un de ces miracles dont elle est coutumière.

On n’était pas sans s’en être préoccupé, sans avoir songé à faire exécuter par des machines la plupart des opérations, toujours longues et coûteuses, confiées aujourd’hui aux compositeurs. Un premier essai avait été fait, il y a une cinquantaine d’années, par un imprimeur de Lyon, mais sans succès. Quelques années après, en 1844, on vit figurer à l’exposition un pianotype, qui fonctionna pendant quelques mois dans une imprimerie spéciale ; mais, comme cette machine ne réalisait aucun bénéfice, ni bénéfice d'argent, ni bénéfice de temps, elle fut abandonnée. D'autres tentatives encore étant demeurées sans résultat, le problème pouvait paraître insoluble.

Voici cependant que le Times, à force de persévérance, semble toucher au but. Une machine à composer introduite dans ses ateliers vers 1870, et successivement perfectionnée, en est arrivée à donner des résultats fort appréciables, et qui en promettent de plus grands encore. Tandis, en effet, que l’ouvrier le plus habile, posant les lettres à la main, ne peut généralement pas dépasser