Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/117

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gent emplumée du voisinage s'était donné rendez-vous sur les bords de la crique, emplissant l'air de ses cris discordants. Rassemblés par centaines; les corbeaux se disputaient des lambeaux de poissons volés les nuées de mouettes et d'hirondelles de mec voletaient au-dessus de l'eau, saisissant au passage quelque menu fretin; deux ou trois grèbes, plus hardis, s'introduisirent dans le cercle en plongeant et péchèrent à loisir à la barbe des pélicans, évitant avec adresse les coups de bec formidables qui leur étaient adressés quelques cormorans, perchés sur de vieux troncs d'arbres immergés; appuyés- gauchement sur leurs' queues pointues, se laissaient tomber comme des flèches sur les plus gros poissons, qu'ils saisissaient et rapportaient à leur J)Oste,Mes jetant en l'air par la queue et ne manquant jamais de les rattraper -par la tète et de les avaler d'une bouchée. A ceux-ci, les pélicans uc-disaient 'rien; c'étaient des voleurs redoutables, par leur taille et 'i)o!r leur force.

« Ce qui me parut plus merveilleux, ce fut le partage équitable de la proie. Quand la pèche fut terminée, les pélicans se rangèrent en cercle sur-le sable et chacun d'eux vidant consciencieusement sa poche, en étala le contenu devant lui, en ayant soin d'écraser la tète des'poissons qui se débattaient encore; Alors, il un cri du chef, chaque oiseau prit un poisson et l'avala; nouveau cri, nouveau partage et ainsi de suite. Quand ils furent bien repus, les pélicans lustrèrent avec soin leur plumage mouillé et recourbèrent leur cou sur leur dos. Puis, ce devoir de propreté accompli, ils se mirent paisiblement à faire la sieste.

Il est du resté démontré que les pélicans ont Itfurs heures de repas et leurs heures de chasse et de pèche; qu'ils'pourvoient à leurs besoins et le plus souvent en compagnie qu'ils se repaissent jusqu'à satiété et digèrent 'dans le repos jusqu'à ce quc.'le moment soit revenu de faire leur .péché habituelle; qu'aussi ils provoquent la. régurgitation du contenu de leur poche dans laquelle ils ont' déposé des 'pois- sons, en pressant- cet organe contre leur poitrine. Cette poche peut se dilater au point de contenir vingt pintes d'eau. 'Elle'est composée de'deux peaux; Fin-; terne est contiguë à la membrane de l'œsophage,- l'extérieure n'est qu'un prolongement de-là peau dû cou.'Lorsqu'il est vide, ce sac ne paraît pas beaucoup mais si le pélican trouve une pêche abondante, ` le sac se dilate largement et il peut contenir une, grande quantité de poissons. 'Il le remplit à mesure qu'il pèche, après quoi il avale à loisir ce qu'il juge convenable.

Le jabot du pélican est un carnier qui lui sert à mettre le produit de sa pèche en réserve. Cette poche de parchemin, qui ressemble à un nez de masque, n'est point, comme on pourrait le croire, une anomalie c'est une nécessité des conditions de son existence et des harmonies qui nous montrent que les animaux ont reçu tous les instruments qui leur sont nécessaires pour chasser, prendre, maîtriser, déchirer et emmagasiner leurs aliments végétaux ou leur proie vivante.

Aussi n'est-il pas besoin que le grand pélican blanc se déchire les flancs pour nourrir ses enfants.

(A suivre.)

Ernest Menault


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LA TERRE

RENCONTRÉE PAR UNE COMÈTE

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Vous savez sans doute, mes chers amis, si vous avez lu l'histoire, quelles terreurs causait jadis l'apparition, d'une comète. Cet astre, d'aspect si étrange, cette étoile entourée d'une auréole nébuleuse, accompagnée d'une longue traînée de lumière, qui se montrait presque subitement, et sans avoir' été annoncée, au milieu du ciel, semblait à tous le présage de quelque événement terrible, d'une 'guerre sainglante'; d'un de ces grands fléaux qui, à de rares intervalles, viennent désoler l'humanité. Les savants du reste, astrologues) physiciens ou astronomes – c'était tout un aux époques d'ignorance n'en savaient pas beaucoup' plus-long sur le compte des comètes, que la masse du public.

Mais peu à-peu la lumière s'est faite sur leur nature. A force, d'observations et de calculs on a reconnu que ce sont des astres soumis à une marche régulière, et même qu'un certain nombre de Comètes font partie,des corps célestes qui, comme notre Terre, accomplissent autour du Soleil une suite indéfinie de révolutions périodiques.

Quand les lunettes, les télescopes n elafent pas encore inventés, on'ne connaissait que les comètes visibles à l'œil, nu,1 c'est-à-dire les plus considérables 'de ces astres. Mais ces instruments, plongeant dans les -profondeurs du ciel, firent découvrir fréquemment des comètes 'jusqu'alors invisibles; et peu à peu le, public s'accoutuma à la pensée'que des astres n'ont rien de pus effrayant que' ceux dont les feux innombrables donnent aux nuits sereines une physionomie si belle, si grandiose et si calme'à la fois. On sut qu'un certain nombre d'entre elles reviennent de temps à autre en vue de la Terre, et cette idée que leur retour 'peut être prédit avec certitude, s'infiltrant dans l'opinion publique, ne contribua pas peu à détruire les craintes superstitieuses des temps passés.

Cependant on s'est demandé ce qui arriverait si une comète, dont la route peut venir croiser la route suivie annuellement par notre globe autour du Soleil, le rencontrait au point de croisement. Il y a quarante ans, c'est-à-dire en 1832, cette question ne laissa pas que de préoccuper beaucoup les esprits, et voici pourquoi. L'une des comètes à retour périodique, celle