Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/422

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grande œuvre sociale, au bien-être de tous, au sien propre que tous ses efforts isolés no réussiraient pas à assurer. »

P. Vincent.


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LE BOUQUETIN DU TYROL

Vous vous êtes arrêtés sans doute soin eut devant les magasins où se vendent les objets de bois sculpté qui nous viennent du Tyrol et de la Suisse? Ces objets s'offrent aux usages les plus divers portemontre, presse-papier, pendules; mais ils diffèrent poules uns des autres. On y voit toujours le même chasseur, coiffé du chapeau tyrolien, ayant son chien à ses pieds et s'appuyant contre un rocher en bois, au sommet duquel se tient fièrement campé un petit animal, aux formes fines et élégantes, le front orné do larges cornes annelées et recourbées.

Ce petit animal est le bouquetin, autrefois si abondant sur les hautes montagnes du Tyrol, qu'il était considéré comme une des particularités de ce pays. Depuis un siècle, il y était devenu fort rare et l'on croyait même la race éteinte, lorsque dernièrement des chasseurs, parcourant une des cimes voisines de Salzbourg, découvrirent un tout jeune animal de cette espèce, blotti dans un Ils ne purent trouver aucune trace des parents, néanmoins cette découverte prouve que la race subsiste encore.

Le bouquetin est un des plus intéressants animaux de la faune européenne; il représente sans doute le type primitif de notre chèvre domestique.

C'est un animal de la grandeur d'un bouc, mais aux formes plus fines, plus élégantes. Son pelage, long et rude en hiver, doux et soyeux pendant l'été, est fauve sur le dos, blanc sous le ventre, avec une bande dorsale noire, et une ligne brune qui coupe longitudinalement les flancs. Son menton est garni d'une barbe noire et rude, analogue à celle du bouc domestique. Mais, ce qui le distingue surtout de ce dernier, ce sont ses cornes recourbées en arc vers l'arrière, qui atteignent un tel développement que parfois leur extrémité touche la croupe de l'animal. 11 porte toujours la tète haute et a une démarche pleine de fierté et d'indépendance.

On ne le rencontre jamais que dans la région des neiges éternelles. Doué d'une extrême agilité, il gravit des parois de rochers à pic, en se servant des moindres aspérités. D'un seul hond, il franchit des distances prodigieuses et mesure son élan avec une telle précision, qu'il retombe ainsi sur des rochers offrant à peine quelques centimètres de surface.

Lorsqu'il se laisse surprendre par les chasseurs, il n'hésite pas à se lancer tête baissée dans des précipices vertigineux.

On a longtemps cru que, dans ce cas, il se servait de ses cornes pour amortir le terrible choc produit par sa chute. Il n'en est rien il s'arrange pour retomber sur ses pattes de devant, et lorsque par hasard ses cornes frappent le sol, le choc les brise comme du verre. Les chasseurs prétendent aussi que, pour rompre la force de la chute, il fait tout en tombant plusieurs cabrioles sur lui-même. Le fait n'est pas bien avéré.

S'il se voit complètement cerné, il n'hésite pas à fondre tête baissée sur son ennemi, le renverse avec ses puissantes cornes ou l'entraîne avec lui dans l'abîme.

Le bouquetin a les sens de la vue, de l'ouïe et de l'odorat développés un degré excessif. Aussi, retranché sur les hauteurs les plus inaccessibles, à la limite des glaciers, ne se laisse-t-il approcher du chasseur qu'au prix des plus grands dangers et de difficultés extrêmes.

Quelques savants croient que notre chèvre domestique est de la même rare que le bouquetin et que l'œgagre que l'on pourrait appeler le bouquetin du Caucase, quoique ses cornes diffèrent l sensiblement par leur forme et leur position, de celles de l'espèce tyrolienne.


Th. Lally.

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