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Page:Le journal de la jeunesse Volume I, 1873.djvu/84

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pérament plus robuste que les autres. Cette faveur devint funeste au malheureux nègre. A peine embarque, la mer lui causa une telle frayeur qu'il en devint fou, et, daus un de ses accès, échappant a ses gardiens, il se précipita dans les flots.

Livingstone fut accueilli en Angleterre avec enthousiasme. Parti inconnu, il revint, avec une renom-, méo européenne. Mais il avait oublié les mœurs, surtout la langue de sa patrie. Il se remit courageusement à l'étude de l'anglais; ctpublia le récit de ses voyages sous ce titre jEa~o'N~OHS d'ans ~t'n<e')'eM)'~e ~/?'<te ceM~e, de i840 à t8S6, ouvrage qui obtint le plus grand succès.

Livingstono n'est pas écrivain, mais on trouve chez 'lui un accent do sincérité qui vaut tous les artifices, toutes les parures du langage. Le mensonge ou la simple exagération répugne~absolument à sa loyauté, et lui semble une action .malhonnête, scrupule d'autant plus louable qu'il est plus rare.

FÊTES'POPULAIRES DE LA FRANCE

LA FÊTE DES ROIS

Quelle bonne, quelle franche gaieté sur toutes ces, figures rougeaudes !~Le festin est près de sa fin; les convives rient, crient,' entrechoquent leurs verres; j. la-même joie les anime tous, depuis le petit enfant dodu jusqu'au vieux aïeul a barbe blanche. Que disent-ils donc? Quel est le cri qui sort de toutes ces bouches ouvertes? Jordaens, le grand peintre fla-, mand, leur a presque donné la vie; mais s'il avait pu leur donner la parole, nous .entendrions toutes~ ces voix, jeunes et vieilles, douces et glapissantes, se confondre dans la même clameur le Roi boit 1 -Ce roi-là, c'estle roi de la fève; et sa royauté, qui doit durer si peu, ne lui laissera ni remords, ni orgueil. 11 n'y a point de mécontents dans son royaume point de jaloux non plus, puisque sa couronne est due au hasard~EUe hasard fait quelquefois bien les'choses il a justement choisi le grand-père aimé et respecté, .le vrai roi de cette heureuse famille aussi petits et grands n'ont-ils de leur vie crié de si 'bon cœur le.Roi hoit/i

~Daus chacune des familles dont se compose la descendaRcc. du'vénérable patriarche,,on a fait une grande toilette aux enfants en ~eur.'recommandatii d'être bien sages; puis on les a pris par la main et t on s'est mis 'en route vers le logis du grand'pére, en disant avec une,joyeuse solennité !\ous allons tirer le gâteau des Rois'LEt si quelque pptit'encore ignorant des choses ..dCt ce monde,,a,demandé '«.ce' que c'ctaifdôncqùe Ic°'âf,eau des Rois )), la jeune

mère ou la grande sœur, tout en réchauffant dam, ses mains la petite main roidie par la bise de janvier, lui a raconté la belle légende de l'Ëvangile les Rois Mages, conduits par une étoile, venant d'Arabie, avec leur brillant cortége, se prosterner au pied de la crèche où repose, dans une étable froide et som~ brc, le Messie dont les anges ont annoncé'la naissance aux bergers de Bcthléem. Et c'est pour cela, a-t-elle ajouté, qu'on réservera, un beau morceau du gâteau, qui sera ~po'~f't Dt'eM, et qu'on donnera a un, pauvre, aussi pamre que l'était le petit Jésus entre l'Ane et le boeuf' dans l'étable où le trouvèrent les rois. Elle a ensuite explique à l'enfant qu'il y aurait une fève dans le gâteau, que celui qui la trouverait dans sa portion serait le roi de la fête, et qu'a toutes les fois qu'on le verrait prendre son verre, ii lie faudrait pas manquer de crier le Roi boit!. Ce que la grande sœur ou; la jeune mère n'a sans, doute pas pu dire à l'enfant, c'est que pendant bien des'siècles on a'célébré la fête des Rois ou de l'Epiphanie, non par un festin, mais parun'jeûnc.~Pcu à' peu le jeune fut aboli mais ce ne fut qu'au xiv" siècle que' le festin prit sa place. Il parait que c'est aux chanoines de Besançon que l'on doit cette' transformation. Ils élisaient (et cela se faisait àussi 'dans d'autres églises) l'un d'eux, avec le titre de roi, pour officier lé jour de l'Epiphanie. Il occupait un trône' dans le chœur il avait pour sceptre une palm'e verte, et au moment de l'Ëvangile, trois chanoines, repré-, sentant les Rois Mages, venaient l'adorer. Mais cettc~ Majesté, loin de toucher une liste civile ou de recueil-; t lir des impôts, devait, après la cérémonie, offrir une' collation à ses sujets. L'exemple des chanoines parut' bon à suivre, et bientôt dans'toutes les familles'on~ célébra la fête de l'Epiphanie par un repas, dont le roi fut, non pas élu, mais désigné par le sort de là' fève. Et quelles précautions ne prenait-on pas p6m\ que le roi fût bien l'élu du hasard Si chaque convive eût choisi son morceau, peut-être le plus clairvoyant,! à certaine boursouflure dans la pâte, à quelque tache plus foncée que le' reste du gâteau, à quelque cm-; preinto laissée par, le doigt de la ménagère, eût-il deviné la présence, de la bienheureuse fève; si le chef de la famille eût ~distribué lui-même les parts, peut-être l'eût-on soupçonné d'y mettre de la partialité et de faire le roi, a l'instar du fameux comte de Warwick. Mais avec le procédé qu'on employait, pas de tricherie possible. Le plus jeune des'convives, dûment endoctriné, prêché, encouragé, et bien pénétré de l'importance de son rôle, se glissait sous la table. Le moment était solennel le silence se faisait. iLe père de famille touchait une. portion. Pour qui? demandait-il. Et la petite voix'de l'enfant nommait le destinataire de la part désignée; et ainsi jusqu'à la fin du gâteau. Cependant,'le long des maisons éclairées, les pauvres se glissaient cf frappaient aux portes avec confiance heureux ,celui devant qui la porte s'ouvrait au moment-où la voix enfantine, a la question du père, venait de répondre pour le Sei-