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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/446

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pouvoir l’atteindre sous une forme pure, mais le mérite du philologue classique sera précisément de remonter au foyer principal, qui est l’Iran, et d’y découvrir le dogme du salut, celui de l’Homme Dieu. « Cet homme est en persan le rénovateur du monde, le dépositaire du message et de la force de Dieu, le Sauveur pour toute la race, mais en même temps le sauvé, qui doit remonter au ciel comme premier corps lumineux, un Dieu, et en même temps le représentant idéal des âmes, la grande âme » (l. L, p. 116). Rien qui approche plus, on le voit, du mystère central du christianisme.

Nous avons essayé de montrer (1) quelle base fragile étaient pour ces déductions les écritures manichéennes, mieux connues, grâce à des découvertes récentes, mais qu’un regain de popularité ne saurait vieillir (2), et on ne peut révoquer en doute l’intention de Mani de se rattacher à Jésus.

Reitzenstein a sans doute compris l’a nécessité de s’appuyer sur quelque document plus purement iranien. Il a prié M. H. H. Schaeder de le lui fournir, et de là un livre en partie double les doctrines grecques, c’està-dire trahissant l’influence de l’Iran,, par Reitzenstein ; les doctrines iraniennes par Schaeder (3).

Il fallait, en effet, en venir là, mais cette confrontation devrait, selon nous, suffire à faire évanouir toute cette fantasmagorie. Ce n’est pas assez que M. Schaeder fasse profession de s’appuyer sur le Bundahisn, dont l’âge, dit-il, ne l’intéresse pas, puisque sa tradition remonte au ve siècle avant notre ère (4). Cette tradition elle-même, il a l’obligeance de la transcrire et de la traduire. Nous pouvons ainsi juger ce qu’il en est de cet homme primitif, ou, comme dit M. Salvatorelli, résumant le système de Reitzenstein : l’âme humaine, un être céleste qui est descendu sur la terre, a été emprisonné dans la matière, a été libéré (racheté) et libère (rachète) les individus, mythe rattaché à la fin du monde et à la résurrection finale (5). Que voyons-nous (6) ? Après avoir créé le ciel, la terre, l’eau, les plantes, Ohrmazdcréa le bœuf unique au bord du Daitya, brillant comme la lune, d’une hauteur

RB., 1922, p. 282-286.

Prosper Alfaric, Les Ecritures manichéennes, I, Vue générale ; II, Etude analytique ; Paris, 1918. Textes pehlevi et vieux turc, provenant surtout de Tourfan, ou chinois, dont M. Alfaric écrit (I, p. 137) « Quand bien même tous le seraient (authentiques), on ne pourrait les utiliser qu’avec une grande réserve. Car le plus grand nombre ne portent aucune date. La plupart n’ont même pas de titre. On ne connaît ni leur pays d’origine ni même leur auteur », etc. (3) Studien zum antiken Synkretismus aus Iran und Griechenland ;Leipzig et Berlin, 1926. (1)

(2)

(4) L. L, p. 209.

From Locke to Reitzenstein, the historical investigation of the origins of Christianity, dans The Harvard theological Review, oct. 1929. (6) Studien., p. 214-233, que nous analysons. (5)