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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/526

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rôle de prophète de malheur

« Tous les hommes de Juda qui sont dans le pays d’Égypte seront consumés par l’épée et par la famine, jusqu’à leur extermination. Et ceux qui échapperont à l’épée, en petit nombre, retourneront du pays d’Égypte au paysde Juda (1). »

Jusqu’à ces dernières années on ne savait rien de plus sur les destinées des Judéens en Égypte. Les découvertes faites à Éléphantine de 1906 à 1908 ont fourni une lumière inattendue. Des détails minutieux sur la vie et les usages, des noms propresd’hommes et de dieux, des incidents graves ou insignifiants sortent de l’ombre sans la dissiper tout à fait, au hasard des documents, à défaut d’une histoire suivie (2). On ne saurait affirmer que cette colonie judéenne installée dans l’île d’Éléphantine, la leb égyptienne, en face de la ville moderne d’Assouân, l’ancienne Syène, soit la même que celle dont parle le livre de Jérémie. On a pensé au temps de Psammétique II (593-588) qui, d’après la lettre d’Aristée, envoya des soldats juifs contre le roi d’Éthiopie. Mais cette exaltation de la valeur militaire des Juifs, à une époque relativement basse (vers 200 av. J.-C.), dans un document à allure de panégyrique national, nous parait une base de rapprochement beaucoup moins assurée que les textes de Jérémie. Les Judéens d’Éléphantine sont organisés comme une colonie militaire, et Béthel, comme nom divin, y parait souvent. Les organisateurs de la fuite après la chute de Jérusalem furent des chefs de troupes, qui ont dû encadrer la foule qu’ils emmenaient, et ils étaient de l’entourage de Godolias à Maspha, soit à une heure de marche de Béthel.

Quoi qu’il en soit, les documents sur papyrus en langue araméenne, et datés de l’époque perse, s’échelonnent de l’an 494 à environ 400 av. J.-C. Nous n’en retenons qu’une esquisse des sentiments religieux de la colonie. Installée àÉléphantine, elle avait élevé un temple à son Dieu, qu’elle nomme Iao (3), incontestablement le même que Iahvé, avec une forme plus courte les deux formes ont été relevées par les anciens, entre

(1)

Jér.,XLIV,27.

(2) L’édition qu’on peut dire

Elephan : Aramâische Papyrus und Ostraka ausJahrhunderts

princeps est

tine, Altorientalische Sprachdenkmaler aus einer jihlischen Militârkolonie des 5. vor Chr, Cearbeitet von Eduard SACHAU, Leipzig, 1911. On peut voir aussi Aramâische Papyrus aus Elephantine,kleine Ausgabe. Bearbeitet von Arthur UNGNAD. — Rev. biblique, 1908 p. 260-267 ; 326-349 ; 1912, p. 127 ss. ; 1915, p. 595 ss. — Dans nos Mélanges d’histoire religieuse (p. 1-31) La colonie juive de l’île d’Éléphantine. — Une communauté Judéoaraméenne à Éléphantine, en Égypte aux VIe et Ve siècles av. J.-C., par A. VAN HOONACKER ; London, 1915. — Der Papyrusfund von Elephantine von Eduard MEYER, 1912. — Alte und neue aramaische papyri, übersetzt und erkliirt von. STAERK, 1917. (3) RB., 1912, p.129.