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Page:Le judaïsme avant Jésus-Christ.pdf/66

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tolérance. Mais le principe était désormais posé en Judée de l’union intime et inviolable entre Iahvé seul et le seul Israël.

Les chefs de Juda avaient par ce refus affronté la guerre avec leurs voisins du nord. Elle se poursuivit sans trêve, par une série de tracasseries, de dénonciations, d’attaques à main armée, et l’évangile de saint Jean nous en a encore apporté l’écho[1].

L’autel devait précéder le Temple on ne pouvait s’en passer pour offrir des sacrifices. Aussi, après une première dispersion qui ramena les exilés aux lieux dont leurs parents avaient redit l’attachant souvenir, ils se réunirent autour de Zorobabel et de Josué, le septième mois depuis le retour, pour relever l’autel et reprendre le culte. Aussitôt après commença la construction du Temple, et en même temps les difficultés, car les Samaritains repoussés la représentèrent aux autorités persanes comme une tentative déguisée de fortifier Jérusalem : abrités par des murs, les fils des captifs se révolteraient comme leurs pères.

Aussitôt le grand roi fit arrêter les travaux.

A l’avènement de Darius qui fondait une nouvelle dynastie, les Juifs reprirent courage. Le satrape de Mésopotamie s’en émut, sûrement prévenu par les irréconciliables voisins, et s’assura que la dénonciation n’était pas mensongère. Il accueillit cependant la protestation fondée sur l’édit de Cyrus, dont on constata l’existence aux archives d’Ecbatane, et qui fut confirmé par le grand roi. Le troisième jour du mois d’adar, la sixième année du règne de Darius, le Temple était achevé et on en fit la dédicace solennelle.

Jour triomphal, non sans une ombre de tristesse.

Le prophète Aggée avait invité au travail au nom de Iahvé, et l’on avait entendu le cliquetis joyeux des marteaux sur la pierre.

Mais si les carrières royales fournissaient toujours leur beau calcaire blanc, on était trop pressé pour donner aux matériaux la perfection des blocs salomoniens[2]. On aurait voulu avoir des cèdres du Liban[3] pour les poutres et les lambris ; il eût été chimérique de les attendre. Aggée comprenait le désenchantement des vieillards[4] :

Quel est parmi vous le survivant
qui a vu cette maison dans sa gloire première,
et en quel état la voyez-vous maintenant ?
Ne paraît-elle pas à vos yeux comme rien ?

  1. Jo., iv, 9 ss.
  2. I Rois, vii, 9 ss.
  3. Esd., iii, 7, sous Cyrus.
  4. Aggée, ii, 3.