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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/124

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les mille nuits et une nuit

lune à son lever, ses deux seins comme deux grenades jumelles ; quant à son jeune ventre élastique et pliant, il se cachait sous les vêtements comme une lettre précieuse sous le rouleau qui l’enveloppe.

Aussi, à sa vue, le portefaix sentit sa raison s’envoler et la hotte tomber de dessus sa tête, et il se dit : « Par Allah ! de ma vie je n’ai eu un jour plus béni que ce jour-ci ! »

Alors cette jeune portière, tout en restant à l’intérieur, dit à sa sœur la pourvoyeuse et au portefaix : « Entrez ! Et que l’accueil ici vous soit large et bon ! »

Alors ils entrèrent et finirent par arriver dans une salle spacieuse donnant sur la cour centrale, toute ornée de brocarts de soie et d’or, et pleine de meubles bien exécutés et incrustés de parcelles d’or, et aussi de vases et de sièges sculptés, et de rideaux et de garde-robes soigneusement fermés. Au milieu de la salle, il y avait un lit de marbre incrusté de perles éclatantes et de pierreries ; au-dessus de ce lit était tendue une moustiquaire de satin rouge, et sur le lit il y avait une jeune fille merveilleuse, avec des yeux babyloniens, une taille droite comme la lettre aleph, et un visage si beau qu’il remplissait de confusion le soleil lumineux. Elle était comme une d’entre les brillantes étoiles, et vraiment comme une noble femme d’Arabie, d’après le dire du poète :

Celui qui mesure ta taille, ô jeune fille, et la compare à la délicatesse du rameau pliant, ne dit point toute la vérité, et juge avec erreur, malgré son