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les mille nuits et une nuit

Alors, moi, je pensai en mon âme : « Comment les hommes qui lisent dans les astres peuvent-ils se tromper autant que cela ! Car par Allah ! ce jeune garçon est la flamme de mon cœur, et, pour le tuer, il faut que je me tue moi-même ! » Puis je lui dis : « Ô mon enfant, Allah Tout-Puissant ne voudra jamais qu’une fleur comme toi soit coupée ! Et moi, je suis ici pour te défendre et je resterai avec toi toute ma vie ! » Alors il me répondit : « Mon père viendra de nouveau me prendre à la fin du quarantième jour, car, après ce temps, il n’y aura plus de danger. » Et je lui dis : « Par Allah ! ô mon enfant, je resterai avec toi ces quarante jours, et, après, je dirai à ton père de te laisser venir avec moi dans mon royaume où tu seras mon ami et l’héritier de mon trône ! »

Alors le jeune garçon, fils du joaillier, me remercia avec des paroles gentilles, et je remarquai combien il était plein de politesse, et combien il avait d’inclination pour moi, et moi pour lui. Et nous nous mîmes à causer amicalement, et à manger de toutes les choses délicieuses de ses provisions, qui pouvaient suffire pendant un an à cent invités. Et, après avoir mangé, je constatai combien mon cœur était ravi par les charmes de ce jeune garçon. Et alors nous nous étendîmes et nous nous couchâmes pour toute la nuit. À l’approche du matin, je me réveillai, et je me lavai, et je portai au jeune garçon le bassin de cuivre rempli d’eau parfumée, et il se lava ; et, moi, je préparai la nourriture, et nous mangeâmes ensemble ; et puis nous nous mîmes à causer, puis à jouer ensemble des jeux et à rire jusqu’au soir ; alors nous étendîmes la nappe et nous mangeâmes un mouton