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histoire du portefaix…
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« Assieds-toi, seigneur, vers le haut de la salle, et ne nous demande rien sur quoi que ce soit de ce que tu verras ici ! »

Alors, après quelques instants, le vieillard se leva, sortit, et revint plusieurs fois en apportant des mets et des boissons, et tous mangèrent et burent, et moi avec eux.

Après cela, le vieillard ramassa tout ce qui restait, et revint s’asseoir. Alors les jeunes gens lui dirent : « Comment peux-tu t’asseoir avant de nous apporter de quoi remplir nos devoirs ! » Et le vieillard, sans parler, se leva et sortit dix fois, et rentra chaque fois avec, sur la tête, un bassin recouvert d’une étoffe en satin et, à la main, une lanterne, et il déposait chaque bassin et chaque lanterne devant chacun des jeunes hommes. Mais il ne me donna rien à moi, et je fus dans une grande contrariété. Mais, lorsque ils eurent enlevé l’étoffe, je vis que chaque bassin contenait de la cendre et de la poudre de charbon et du kohl. Puis ils prirent la cendre et la jetèrent sur leur tête, le charbon, sur leur visage, et le kohl, sur leur œil droit ; et ils se mirent à se lamenter et à pleurer et à dire : « Nous n’avons que ce que nous avons mérité par nos méfaits et nos fautes ! » Et ils ne cessèrent de la sorte qu’avec l’approche du jour. Alors ils se lavèrent dans d’autres bassins apportés par le vieillard, et mirent de nouvelles robes, et ils devinrent comme avant.

Lorsque je vis tout cela, ô ma maîtresse, je fus dans l’étonnement le plus considérable ; mais je n’osai rien demander, à cause de l’ordre imposé. Et, la nuit suivante, ils firent comme la première, et la