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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/301

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histoire du vizir noureddine…
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seau aussi, trempa le roseau dans l’écritoire de cuivre et écrivit ceci sur le papier :

« J’atteste que celui qui a écrit ce papier est Hassan Badreddine, fils du vizir Noureddine le défunt — qu’Allah l’ait en sa miséricorde ! — et qu’il a vendu au Juif tel, fils de tel, marchand à Bassra, le chargement du premier navire qui arrivera à Bassra, navire faisant partie des navires ayant appartenu à son père Noureddine ; et ce, pour la somme de mille dinars, sans plus. » Puis il scella de son sceau le bas de la feuille et la remit au Juif, qui s’en alla après l’avoir salué avec respect.

Alors Hassan se prit à pleurer en pensant à son défunt père et à sa position passée et à son sort présent. Mais, comme il faisait déjà nuit, pendant qu’il était ainsi étendu sur la tombe de son père le sommeil lui vint, et il s’endormit dans la turbeh. Et il resta ainsi endormi jusqu’au lever de la lune ; à ce moment, sa tête ayant roulé de dessus la pierre de la tombe, il fut obligé de se tourner tout entier et de se coucher sur le dos : de la sorte, son visage se trouva en plein éclairé par la lune, et brilla ainsi de toute sa beauté.

Or, ce cimetière était un lieu hanté par les genn de la bonne espèce, des genn musulmans, des croyants. Et, par hasard aussi, une charmante gennia prenait l’air à cette heure, sous les rayons de la lune, et, dans sa promenade, passa à côté de Hassan endormi, et le vit, et remarqua sa beauté et ses belles proportions, et elle fut fort émerveillée et dit : « Gloire à Allah ! oh, le beau garçon ! En vérité, je suis amoureuse de ses beaux yeux, car je les devine