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histoire du vizir noureddine…
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malheur à cause d’elle. En effet, le sultan d’Égypte, ayant entendu parler par ses femmes de la beauté extraordinaire de la fille du vizir, la demanda en mariage au vizir. Mais le vizir Chamseddine, qui avait résolu autre chose pour sa fille, fut dans une grande perplexité, et dit au sultan : « Ô mon suzerain et maître, aie la bonté d’agréer mes excuses les plus humbles et de me pardonner dans cette affaire. Car tu sais l’histoire de mon pauvre frère Noureddine qui était ton vizir avec moi. Tu sais qu’il est parti un jour et que nous n’en avons plus entendu parler. Et ce fut, en vérité, pour un motif pas sérieux du tout ! » Et il raconta au sultan le motif en détails. Puis il ajouta : « Aussi, par la suite, je jurai devant Allah, le jour de la naissance de ma fille, que, quoi qu’il pût arriver, je ne la marierais qu’au fils de mon frère Noureddine. Et il y a déjà de cela dix-huit ans. Mais, heureusement, j’ai appris, il y a quelques jours seulement, que mon frère Noureddine s’était marié avec la fille du vizir de Bassra, et qu’il avait eu d’elle un fils. Aussi ma fille à moi, qui est née de mes œuvres avec sa mère, est destinée et écrite au nom de son cousin, le fils de mon frère Noureddine ! Quant à toi, ô mon seigneur et suzerain, tu peux avoir n’importe quelle jeune fille ! L’Égypte en est remplie ! Et il y en a qui sont des morceaux dignes des rois ! »

« Mais, à ces paroles, le sultan fut dans une grande fureur, et s’écria : « Comment, misérable vizir ! je voulais te faire l’honneur d’épouser ta fille, et de descendre jusqu’à toi, et toi, tu oses, sous un prétexte bien stupide et bien froid, me la refuser ! Soit !