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histoire du vizir noureddine…
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pleine de délices pour moi aux côtés de mon bien-aimé ! Cesse donc cette plaisanterie, mon père, et ne me parle plus de ce bossu ! » À ces paroles de sa fille, le vizir fut plein de courroux, et ses yeux devinrent bleus de fureur, et il s’écria : « Malheur ! Que dis-tu là ? Comment ! le bossu n’a pas couché avec toi dans cette chambre ? » Elle répondit : « Par Allah sur toi, ô père ! assez me citer le nom de ce bossu ! Qu’Allah le confonde, lui et son père et sa mère et toute sa famille ! Tu sais bien que je connais maintenant la supercherie que tu as faite pour que j’évite le mauvais œil ! » Et elle donna tous les détails des noces et de la nuit à son père. Et elle ajouta : « Oh ! comme j’étais bien, enfoncée dans le giron de mon bien-aimé mari, le bel adolescent aux manières raffinées, aux splendides yeux noirs, aux sourcils arqués ! »

À ces paroles, le vizir s’écria : « Ma fille, es-tu donc folle ? Que dis-tu ? Et où est-il ce jeune homme que tu nommes ton mari ? » Sett El-Hosn répondit : « Il est allé au cabinet d’aisances ! » Alors le vizir, fort inquiet, se précipita au dehors et courut vers le cabinet d’aisances. Et il y trouva le bossu les pieds en l’air et la tête enfoncée profondément dans le trou du cabinet, et immobile ! Et le vizir, extrêmement stupéfait, s’écria : « Que vois-je ? n’est-ce point toi, bossu ? » Et il répéta sa question à haute voix. Mais le bossu ne répondit point, car, toujours terrifié, il s’imagina que c’était le genni qui lui parlait…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.