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les mille nuits et une nuit

le genni dit au pêcheur : « Il n’y a d’autre Dieu qu’Allah ! Laisse-moi t’annoncer une bonne nouvelle, ô pêcheur ! » Le pêcheur dit : « Et que vas-tu m’annoncer ? » Il répondit : « Ta mort ! Et à cette heure même, et de la plus terrible façon ! » Le pêcheur répondit : « Tu mérites pour cette nouvelle, ô lieutenant des afarit[1], que le ciel te retire sa protection ! Et puisse-t-il t’éloigner de nous ! Pourquoi donc veux-tu ma mort ? Et qu’ai-je fait pour mériter la mort ? Je t’ai délivré du vase, je t’ai sauvé de ce long séjour dans la mer et je t’ai ramené sur la terre ! » Alors l’éfrit dit : « Pèse et choisis l’espèce de mort que tu préfères et la façon dont tu aimes le mieux être tué ! » Le pêcheur dit : « Quel est mon crime pour mériter une telle punition ? » L’éfrit dit : « Écoute mon histoire, ô pêcheur. » Le pêcheur dit : « Parle ! et abrège ton discours, car d’impatience mon âme est sur le point de sortir de mon pied ! » L’éfrit dit :


« Sache que je suis un genni rebelle ! Je m’étais mutiné contre Soleïman, fils de Daoud. Mon nom est Sakhr El-Genni ! Et Soleïman dépêcha vers moi son vizir Assef, fils de Barkhia, qui m’emmena, malgré mes efforts, et me conduisit entre les mains de Soleïman. Et mon nez en ce moment-là devint bien humble. À ma vue, Soleïman fit sa conjuration à Allah, et m’enjoignit d’embrasser sa religion et d’entrer sous son obédience. Mais moi, je refusai. Alors il fit apporter ce vase et m’y emprisonna. Puis il le scella avec du plomb et y imprima le nom du Très--

  1. Afarit est le pluriel d’éfrit.