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histoire du pêcheur avec l’éfrit
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Laisse donc tout. Nos projets ne sont que projets d’esclaves impuissants en face du seul Ordonnateur ! Laisse-toi aller ! Et tu goûteras la félicité durable.

Quand donc se présenta le médecin Rouiane, le roi lui dit : « Sais-tu pourquoi je t’ai fait venir en ma présence ? » Et le médecin répondit : « Nul ne sait l’inconnu, si ce n’est Allah le Très-Haut ! » Le roi lui dit : « Je t’ai fait venir pour ta mort, et pour te retirer ton âme ! » Et le médecin Rouiane, à ces paroles, fut prodigieusement étonné du plus prodigieux étonnement, et dit : « Ô roi, pourquoi me tueras-tu, et quelle faute a été par moi commise ? » Et le roi lui répondit : « On dit que tu es un espion, et que tu es venu pour me tuer. Or, moi, je vais te tuer avant que tu ne me tues ! » Puis le roi cria au porte-glaive et lui dit : « Frappe le cou de ce traître, et délivre-nous de ses maléfices ! » Et le médecin dit : « Conserve-moi, et Allah te conservera ! Et ne me tue pas, sinon Allah te tuera ! »

— Puis il lui réitéra sa prière, comme moi je l’avais fait en m’adressant à toi, ô toi, l’éfrit, sans que tu m’aies exaucé ; et, au contraire, tu persistais à vouloir ma mort. —

Ensuite le roi Iounane dit au médecin : « Je ne saurais avoir confiance ni être tranquille avant de t’avoir tué. Car si tu m’as délivré avec une chose que j’ai tenue à la main, je crois fort que tu me tueras avec une chose que je sentirai, ou d’une autre façon ! » Et le médecin dit : « Ô roi, est-ce là ma