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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/196

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les mille nuits et une nuit

je te l’ordonnerai ! » Et ils sortirent dans la rue, en oubliant toutefois de refermer la porte, malgré la recommandation.

Lorsqu’ils furent arrivés au palais, ils y entrèrent par la porte secrète, et pénétrèrent dans l’appartement particulier où était située la chambre à coucher. Et le khalifat dit à son esclave : « Enlève les vêtements de cet homme, habille-le de mes habits de nuit, et étends-le sur mon propre lit ! » Et lorsque l’esclave eut exécuté l’ordre, le khalifat l’envoya chercher tous les dignitaires du palais, les vizirs, les chambellans et les eunuques, ainsi que toutes les dames du harem ; et lorsqu’ils furent tous présents entre ses mains, il leur dit : « Il faut que demain matin vous soyez tous dans cette chambre, et que chacun de vous soit empressé aux ordres de cet homme qui est là étendu sur mon lit et revêtu de mes habits. Et ne manquez point de lui rendre les mêmes égards qu’à moi-même, et de vous comporter vis-à-vis de lui, en toutes choses, exactement comme s’il était moi-même. Et vous lui donnerez, en répondant à ses questions, le titre d’émir des Croyants ; et vous prendrez bien soin de ne le contrarier dans aucun de ses désirs. Car si l’un de vous, fût-il mon propre fils, s’avisait de se méprendre sur les intentions que je vous indique, il serait pendu à l’heure et à l’instant à la grande porte du palais ! »

À ces paroles du khalifat, tous les assistants répondirent : « Ouïr, c’est obéir ! » et, sur un signe du vizir, ils se retirèrent en silence, comprenant que le khalifat, en leur donnant ces instructions, avait l’intention de se divertir d’une façon extraordinaire.