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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/222

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les mille nuits et une nuit

te prouver la chose à toi, sache que c’est moi-même qui ai donné l’ordre à mon chef de police, Ahmad-la-Teigne, de châtier les trois canailles de ce quartier ! Cesse donc de me dire que je rêve ou que je suis possédé du souffle du Cheitân. Prosterne-toi donc devant ma gloire, embrasse la terre entre mes mains, et demande-moi pardon des paroles inconsidérées et du doute que tu as émis à mon sujet ! »

À ces paroles de son fils, la mère n’eut plus aucun doute au sujet de la folie d’Aboul-Hassân, et elle lui dit : « Qu’Allah le miséricordieux fasse descendre la rosée de sa bénédiction sur ta tête, ô Aboul-Hassân, et qu’il te pardonne et te fasse la grâce de redevenir un homme doué de raison et de bon sens ! Mais, je t’en supplie, ô mon fils, cesse de prononcer le nom du khalifat et de te l’appliquer, car les voisins peuvent t’entendre et rapporter tes paroles au wali qui te fera alors arrêter et pendre à la porte du palais ! » Puis, ne pouvant plus résister à son émotion, elle se mit à se lamenter et à se frapper la poitrine de désespoir.

Or, cette vue, au lieu d’apaiser Aboul-Hassân, ne fit que l’exciter davantage ; et il se leva debout sur ses deux pieds, se saisit d’un bâton et se précipitant sur sa mère, dans l’égarement de sa fureur, il lui cria d’une voix terrifiante : « Je te défends, ô maudite, de m’appeler encore Aboul-Hassân ! Je suis Haroun Al-Rachid en personne, et, si tu en doutes encore, je te ferai entrer cette croyance dans la tête à coups de bâton ! » El la vieille, à ces paroles, bien que toute tremblante de frayeur et d’émotion, n’oublia pas qu’Aboul-Hassân était son fils, et, le regardant