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les mille nuits et une nuit

« … Béni soit Allah à jamais ! » Puis elle ajouta : « Certes ! tu n’as aucune faute à te reprocher, ô mon enfant, car tout le mal qui nous est arrivé est dû à ce marchand étranger que tu as invité la dernière nuit à manger et boire avec toi, et qui est parti au matin sans prendre la peine de fermer la porte derrière lui. Or tu dois savoir que chaque fois que la porte d’une maison est restée ouverte avant le lever du soleil, le Cheitân entre dans la maison et prend possession de l’esprit de ses habitants ! Et il arrive alors ce qui arrive ! Remercions donc Allah qui n’a pas permis de pires malheurs sur notre tête ! » Et Aboul-Hassân répondit : « Tu as raison, ô mère ! C’est l’œuvre de la possession du Cheitân ! Quant à moi, j’avais bien averti le marchand de Mossoul de ne point oublier de fermer la porte derrière lui, pour éviter l’entrée du Cheitân dans notre maison ; mais il a omis de le faire, et nous a causé de la sorte tous ces désagréments ! » Puis il ajouta : « Maintenant que je sens bien que ma cervelle n’est plus renversée et que les extravagances sont finies, je te prie, ô tendre mère, de parler au portier de l’hôpital des fous pour que je sois délivré de cette cage et des supplices que j’endure ici tous les jours ! » Et la mère d’Aboul-Hassân courut, sans différer davantage, avertir le portier que son fils avait recouvré la raison. Et le portier vint avec elle examiner Aboul-Hassân et l’interroger. Et comme les réponses étaient sensées, et qu’il reconnaissait être Aboul-Hassân et non plus Haroun Al-Rachid, le portier le tira de la cage et le délivra de ses chaînes. Et Aboul-Hassân, pouvant à peine se tenir sur ses jambes, regagna lentement sa maison,