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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/63

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les aventures de hassân al-bassri
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remerciant de son amitié. Et tous deux descendirent dans le palais et passèrent le reste du temps à s’entretenir doucement de choses et d’autres, en compagnie des autres jeunes filles.

Or, le lendemain, qui était précisément le jour de la nouvelle lune, Hassân attendit la nuit pour aller se cacher derrière l’estrade du bord du lac. Et il était à peine là depuis quelques instants, qu’un bruit d’ailes se fit entendre dans le silence nocturne et, à la clarté de la lune, les oiseaux, si impatiemment désirés, arrivèrent et descendirent dans le lac, après avoir ôté leurs manteaux de plumes et leurs soieries de dessous. Et la merveilleuse Splendeur, fille du roi-des-rois des genn, plongea, elle aussi, dans l’eau sa chair de gloire nue. Et elle était plus belle et plus désirable que la première fois. Et Hassân, malgré l’admiration et l’émoi où il se trouvait, put tout de même se glisser, sans être vu, jusqu’à l’endroit où étaient posés les vêtements, enlever le manteau de plumes de l’adolescente royale, et s’esquiver en toute hâte derrière l’estrade.

Lorsque la belle Splendeur fut sortie du bain, d’un coup d’œil elle s’aperçut, au désordre des vêtements épars sur le gazon, qu’une main étrangère avait profané leurs effets. Et elle s’approcha et constata que son manteau à elle avait disparu. Et elle poussa un grand cri de terreur et de désespoir, et se frappa le visage et la poitrine. Ô ! qu’elle était belle ainsi, sous la lune, la désespérée ! Mais ses compagnes, au cri entendu, se précipitèrent pour voir quelle était l’affaire, et, comprenant ce qui venait de se passer, elles prirent en hâte chacune