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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/135

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les séances… (le divorce de hind)
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riage. Mais le père de Hind ne voulut la lui accorder que pour le prix d’une dot de deux cent mille drachmes d’argent, à payer avant le mariage, avec la condition de lui payer encore, en cas de divorce, deux cents autres mille drachmes. Et Al-Hajage accepta toutes les conditions, et emmena Hind dans sa maison.

Or, Al-Hajage, pour son amertume et sa calamité, était impuissant. Et il était venu au monde tout difforme quant à son zebb, avec l’anus obstrué. Et comme, ainsi bâti, l’enfant refusait la vie, le diable était apparu à sa mère, sous une forme humaine, et lui avait prescrit, si elle voulait que son enfant pût survivre, de lui donner à téter, au lieu de lait, du sang de deux chevreaux noirs, d’un bouc noir et d’un serpent noir. Et la mère avait suivi cette prescription, et avait obtenu l’effet désiré. Seulement l’impuissance et la difformité, qui sont un don de Satan et non point d’Allah le Généreux, étaient restées l’apanage de l’enfant, devenu un homme.

Aussi Al-Hajage, une fois qu’il eut emmené Hind dans sa maison, resta un long temps sans oser l’approcher autrement que de jour et sans la toucher, malgré tout le désir qu’il en avait. Et Hind ne tarda pas à connaître le motif de cette abstinence, et s’en lamenta beaucoup avec ses esclaves.

Or, un jour, Al-Hajage vint la voir, selon son habitude, pour se réjouir les yeux de sa beauté. Et elle avait le dos tourné à la porte, et était occupée à se regarder dans un miroir, en chantant ces vers :

« Hind, cavale issue de noble sang arabe, te