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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/192

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les mille nuits et une nuit

Puis le Maghrébin tira de sa ceinture dix dinars d’or et les mit dans la main d’Aladdin, en lui demandant : « Ô mon fils Aladdin, où donc demeure-t-elle, ta mère, la femme de mon frère ? » Et Aladdin, tout à fait gagné par la générosité et la figure souriante du Maghrébin, le prit par la main, le conduisit jusqu’à l’extrémité de la place et lui montra du doigt le chemin de leur maison, en disant : « C’est par là qu’elle demeure ! » Et le Maghrébin lui dit : « Ces dix dinars que je t’ai donnés, ô mon enfant, tu les remettras à l’épouse de mon défunt frère, en lui transmettant mes salams. Et tu lui annonceras que ton oncle vient d’arriver de voyage, après sa longue absence à l’étranger, et que, dans la journée de demain, il espère, si Allah veut, pouvoir se présenter à la maison pour faire lui-même ses souhaits à l’épouse de son frère, et voir les lieux où le défunt a passé sa vie, et visiter son tombeau ! »

Lorsque Aladdin eut entendu ces paroles du Maghrébin, il voulut se montrer empressé dans l’exécution de ses souhaits et, après lui avoir baisé la main, il se hâta, dans sa joie, de courir au logis où il arriva, contrairement à ses habitudes, à une heure qui n’était guère celle du repas, et, en entrant, il s’écria : « Ô ma mère, je viens t’annoncer que mon oncle, après sa longue absence à l’étranger, vient d’arriver de voyage, et t’envoie ses salams ! » Et la mère d’Aladdin, fort étonnée de ce langage nouveau et de cette entrée inaccoutumée, répondit : « On dirait, mon fils, que tu veux te moquer de ta mère ! Quel est, en effet, cet oncle dont tu me parles ? Et d’où et depuis quand as-tu un oncle encore en vie ? »