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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/236

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les mille nuits et une nuit

manquer à la maison, et Aladdin, ne pouvant faire autrement, fut bien obligé, malgré toute la terreur de sa mère, de recourir à la lampe magique. Toutefois la mère, avertie du projet d’Aladdin, se hâta de sortir de la maison, ne pouvant souffrir de s’y trouver au moment de l’apparition de l’éfrit. Et Aladdin, libre alors d’agir à sa guise, prit la lampe à la main, et chercha l’endroit précis qu’il fallait toucher, et qui était reconnaissable à l’impression laissée par le premier nettoyage avec la cendre ; et il le frotta, sans hâte, et fort légèrement. Et aussitôt apparut le genni, qui s’inclina et, d’une voix bien calme, à cause précisément de la légèreté du frottement, dit à Aladdin : « Entre tes mains, ici, ton esclave le voici ! Parle, que veux-tu ? Je suis le serviteur de la lampe, soit que dans les airs je vole, soit que sur la terre je rampe ! » Et Aladdin se hâta de répondre : « Ô serviteur de la lampe, j’ai bien faim, et je désire un plateau de mets en tous points semblable à celui que tu m’as apporté la première fois ! » Et le genni disparut, mais pour reparaître, en moins d’un clin d’œil, chargé du plateau en question qu’il posa sur le tabouret ; et il se retira on ne sait où.

Or, peu de temps après, revint la mère d’Aladdin ; et elle vit le plateau et son odorant et si charmant contenu ; et elle ne fut pas moins émerveillée que la première fois. Et elle s’assit à côté de son fils, et toucha aux mets qu’elle trouva encore plus exquis que ceux du premier plateau. Et, malgré la terreur que lui inspirait le genni serviteur de la lampe, elle mangea de grand appétit ; et elle ne put, pas plus elle qu’Aladdin, s’arracher de devant le plateau