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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/250

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les mille nuits et une nuit

tranquille ! il est impossible que le sultan te fasse de pareilles questions, lorsqu’il aura vu les merveilleuses pierreries rangées, comme des fruits, dans la porcelaine ! Sois donc sans crainte, et ne te préoccupe pas de ce qui ne va pas arriver. Au contraire, lève-toi seulement et va lui offrir le plat avec son contenu, et demande-lui pour moi, en mariage, sa fille Badrou’l-Boudour ! Et ne commence pas à appesantir tes pensées sur une affaire si aisée et si simple ! N’oublie pas, en effet, si tu as encore des doutes sur la réussite, que j’ai en ma possession une lampe qui suppléera pour moi à tous les métiers et à tous les gains ! »

Et il continua à parler à sa mère avec tant de chaleur et d’assurance, qu’il finit par la convaincre complètement. Et il la pressa de mettre ses plus beaux habits ; et il lui remit le plat de porcelaine qu’elle se hâta d’envelopper dans un foulard en le liant par les quatre coins, pour le porter à la main. Et elle sortit de la maison et se dirigea vers le palais du sultan. Et elle pénétra dans la salle des audiences, avec la foule des solliciteurs. Et elle se plaça tout au premier rang, mais dans une attitude bien humble au milieu des assistants qui se tenaient les bras croisés et les yeux baissés avec le plus profond respect. Et la séance du diwân s’ouvrit, quand le sultan eut fait son entrée, suivi de ses vizirs, de ses émirs et de ses gardes. Et le chef des scribes du sultan se mit à appeler, les uns après les autres, les demandeurs, selon l’ordre des requêtes. Et l’on jugea les affaires, séance tenante. Et les demandeurs s’en allèrent les uns contents du gain de leur procès, les