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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/286

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les mille nuits et une nuit

Aussitôt la mère d’Aladdin fit sortir en bon ordre de sa maison les quatre-vingts esclaves, en les plaçant l’un derrière l’autre, par groupes de deux : une esclave adolescente précédée immédiatement par un jeune nègre, et ainsi de suite jusqu’au dernier groupe. Et chaque groupe était séparé du précédent par un intervalle de dix pieds. Et lorsque le dernier groupe eut franchi la porte, la mère d’Aladdin marcha derrière le cortège. Et Aladdin, fort rassuré sur le résultat, ferma la porte et alla dans sa chambre attendre tranquillement le retour de sa mère.

Or, dès que le premier groupe fut arrivé dans la rue, les passants commencèrent à s’attrouper ; et, lorsque le cortège fut au complet, la rue fut remplie d’une foule immense pleine de rumeurs et d’exclamations. Et tout le souk accourut autour du cortège, pour admirer un spectacle si magnifique et si extraordinaire. Car chaque groupe, à lui seul, était une merveille finie ! car sa mise admirable de goût et de splendeur, sa beauté, composée d’une beauté blanche de femme et d’une beauté noire de nègre, son bel air, son maintien avantageux, sa marche grave et cadencée, à distance égale, l’éclat du bassin de pierreries que portait sur la tête chaque adolescente, les feux lancés par les joyaux enchâssés dans les ceintures d’or des nègres, les étincelles qui jaillissaient de leurs bonnets de brocart, où se balançaient des aigrettes, tout cela formait un spectacle ravissant, à nul autre pareil, qui faisait que le peuple ne doutait pas un instant qu’il ne s’agissait de l’arrivée au palais de quelque étonnant fils de roi ou de sultan.

Et le cortège, au milieu de l’ébahissement de tout