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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/344

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les mille nuits et une nuit

cette punition méritée et du retour de l’émir Aladdin dans les bonnes grâces du sultan.

Après quoi, le sultan fit annoncer par les crieurs, au milieu des joueurs de clarinettes, de timbales et de tambours, qu’il accordait la liberté aux prisonniers, en signe de réjouissance publique ; et il fit distribuer de grands secours aux pauvres et aux besogneux. Et le soir il fit illuminer toute la ville ainsi que son palais et celui d’Aladdin et de Badrou’l-Boudour. Et c’est ainsi qu’Aladdin, grâce à la bénédiction qu’il avait sur lui, échappa pour la seconde fois au danger de la mort. Et c’est cette même bénédiction qui devait le sauver encore pour la troisième fois, comme vous allez l’entendre, ô mes auditeurs !

En effet, il y avait déjà quelques mois qu’Aladdin était de retour et qu’il menait avec son épouse, sous l’œil attendri et vigilant de sa mère, devenue maintenant une dame vénérable à l’air imposant mais dénué de fierté et d’arrogance, une vie tout à fait délectable, quand son épouse entra un jour, avec un visage un peu triste et dolent, dans la salle à la voûte de cristal, où il se tenait d’ordinaire pour jouir de la vue des jardins, et s’approcha de lui et lui dit : « Ô mon maître Aladdin, Allah, qui nous a comblés tous deux de ses faveurs, me refuse jusqu’à présent la consolation d’avoir un enfant. Car il y a déjà assez longtemps que nous sommes mariés, et je ne sens pas mes entrailles fécondées par la vie. Or, je viens te supplier de me permettre de faire venir au palais une sainte vieille nommée Fatmah, arrivée depuis quelques jours dans notre ville, et que tout le monde