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les mille nuits et une nuit

pirates musulmans ; et moi-même, avec toute ma suite, je fus emmenée en esclavage, et conduite en Égypte où je fus vendue au marchand persan que tu as vu et qui, heureusement pour ma virginité, se trouvait être affligé d’eunuquat. Et, pour ma chance également et parce qu’ainsi le voulait ma destinée, mon maître éprouva, dès qu’il m’eut dans sa maison, une longue et dangereuse maladie, pendant laquelle je lui prodiguai les soins les plus attentifs. Aussi, dès qu’il eut recouvré la santé, il voulut me témoigner sa gratitude pour les marques d’attachement que je lui avais données pendant sa maladie, et me pria de lui demander tout ce que pouvait souhaiter mon âme. Et moi je réclamai de lui, pour toute faveur, de me vendre à quelqu’un qui pût utiliser ce qu’il y avait en moi à utiliser, mais de ne me céder qu’à celui que je choisirais moi-même. Et le Persan me le promit à l’instant, et se hâta d’aller me vendre sur la place du marché, où je pus de la sorte fixer mon choix sur toi, ô mon œil, à l’exclusion de tous les vieux et décrépits personnages qui me convoitaient ! »

Et, ayant ainsi parlé, la jeune Franque regarda Nour avec des yeux où flambait l’or des tentations, et lui dit : « Pouvais-je, telle que je suis, appartenir à un autre qu’à toi, ô jouvenceau ? » Et, d’un mouvement rapide, elle rejeta ses voiles et se dévêtit tout entière, pour apparaître dans sa native nudité. Béni soit le ventre qui l’a portée ! C’est alors seulement que Nour put juger de la bénédiction qui était descendue sur sa tête ! Et il vit que la princesse était une beauté douce et blanche comme un tissu de lin, et qu’elle répandait de toutes parts la suave odeur