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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/68

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les mille nuits et une nuit

leur sang. Il faut donc tirer de la prison cent musulmans, pas un de plus, pas un de moins, et leur couper la tête ! Et l’on recueillera le sang de leur cou, et on en baignera le corps de la princesse, comme pour un nouveau baptême ! »

En conséquence, le roi ordonna d’amener les cent musulmans qui venaient d’être jetés en prison, et parmi lesquels se trouvait, comme il a été dit, le jeune Nour. Et l’on commença par couper la tête au capitaine marin. Puis on coupa la tête à tous les marchands. Et l’on recueillait chaque fois, dans une grande bassine, le sang qui jaillissait des cous sans têtes. Et ce fut le tour du jeune Nour. Et on le conduisit à l’endroit de l’exécution, on lui banda les yeux, on le plaça sur le tapis ensanglanté, et l’exécuteur brandit son glaive pour faire sauter sa tête de sur son cou, quand une vieille femme s’approcha du roi et lui dit : « Ô roi du temps, les cent têtes sont déjà coupées, et la bassine est pleine de sang ! Il faut donc épargner ce jeune musulman qui reste, et me le donner plutôt pour le service de l’église ! » Et le roi s’écria : « Par le Messie ! tu dis vrai ! Les cent têtes sont là, et la bassine est pleine. Prends donc celui-ci et utilise-le pour le service de l’église ! » Et la vieille, qui était la gardienne en chef de l’église, remercia le roi et, pendant qu’il se retirait avec ses vizirs pour procéder au baptême de sang de la princesse, elle emmena le jeune Nour. Et, enchantée de sa beauté, elle le conduisit sans retard à l’église.

Là, la vieille ordonna à Nour de se dévêtir, et lui donna une longue robe noire, un haut bonnet de