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histoire de la jambe de mouton
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escamoteur nommé Akil, qui luttaient ensemble d’audace et d’adresse. Or, voici ce qu’un jour chacun d’eux entreprit ! » Et il raconta au sultan le tour d’Akil, dans tous ses détails, et poussa l’audace jusqu’à lui apprendre ce qui se passait dans son propre palais, en changeant seulement le nom du sultan et le lieu de la scène. Et, lorsqu’il eut terminé son récit, il dit : « Et maintenant, ô roi du temps, lequel des deux compagnons ta seigneurie trouve-t-elle le plus habile ? » Et le sultan répondit : « C’est, sans contredit ; le voleur qui s’est introduit dans le palais du roi ! »

Lorsqu’il eut entendu cette réponse, Haram prétexta un pressant besoin d’uriner, et sortit comme pour aller aux cabinets. Et il alla rejoindre son compagnon qui, pendant tout le temps qu’avait duré la conversation, sentait son âme s’envoler de terreur de son nez. Et ils reprirent le chemin qu’ils avaient déjà parcouru, et sortirent du palais aussi heureusement qu’ils y étaient entrés.

Or, le lendemain, le sultan, qui avait été bien étonné de ne pas revoir son favori qu’il croyait aux cabinets, fut à la limite de la surprise en le voyant suspendu au haut du plafond, tout comme dans l’histoire qu’il avait entendu raconter. Et bientôt il acquit la certitude qu’il venait d’être lui-même la dupe de l’audacieux voleur. Mais, loin d’être irrité contre celui qui l’avait ainsi joué, il voulut le connaître ; et, dans ce but, il fit publier, par les crieurs publics, qu’il pardonnait à celui qui s’était introduit de nuit dans son palais, et qu’il lui promettait une grande récompense s’il se présentait devant lui. Et