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les clefs du destin
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sondables ! » Puis il se tourna vers le sultan, et dit : « Ô notre maître souverain, ce que j’ai refusé à la violence, je l’accorde à la bonté ! Ce manuscrit, pour la possession duquel j’ai risqué plusieurs fois ma vie, t’appartient désormais en propriété légitime ! Il est le commencement, et la fin de toute science, et il est le seul bien que j’aie rapporté de la ville de Scheddad ben-Aâd, la cité mystérieuse où nul humain ne peut pénétrer, Aram-aux-colonnes ! »

Et le khalifat embrassa le vieillard, et lui dit : « Ô mon père, hâte-toi de grâce ! de me dire ce que tu sais au sujet de ce manuscrit en peau de gazelle, et de la cité de Scheddad ben-Aâd, Aram-aux-colonnes ! » Et le cheikh Hassân Abdallah répondit : « Ô roi, l’histoire de ce manuscrit est l’histoire de toute ma vie. Et si elle était écrite avec les aiguilles sur le coin intérieur de l’œil, elle servirait de leçon à qui la lirait avec respect ! » Et il raconta :

« Sache, ô roi du temps, que mon père était l’un des marchands les plus riches et les plus respectés du Caire. Et je suis son fils unique. Et mon père n’épargna rien pour mon instruction, et me donna les meilleurs maîtres de l’Égypte. Aussi, à vingt ans, j’étais déjà renommé, parmi les ulémas, pour mon savoir et mes connaissances dans les livres des anciens. Et mon père et ma mère, voulant se réjouir de mes noces, me donnèrent comme épouse une jeune vierge aux yeux pleins d’étoiles, à la taille flexible et gracieuse, et gazelle pour l’élégance et la légèreté. Et mes noces furent magnifiques. Et je coulai avec mon épouse des jours d’épanouissement et des