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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-QUINZIÈME NUIT

Elle dit :

… Et Abou-Cassem, relâché après cette douloureuse formalité, se mit à s’arracher la barbe de désespoir, et, prenant ses babouches, il jura de s’en débarrasser coûte que coûte. Et il erra longtemps, en réfléchissant au meilleur moyen de réussite, et finit par se décider à aller les jeter dans un canal situé loin dans la campagne. Et il crut que cette fois il n’en entendrait plus parler. Mais le sort voulut que l’eau du canal entraînât les babouches jusqu’à l’entrée d’un moulin, dont ce canal faisait tourner les roues. Et les babouches s’engagèrent dans les roues, et les firent sauter, en dérangeant leur jeu. Et les maîtres du moulin accoururent pour réparer le dommage, et trouvèrent que la cause en était due aux énormes babouches qu’ils trouvèrent engagées dans l’engrenage, et qu’ils reconnurent aussitôt pour les babouches d’Abou-Cassem. Et le malheureux droguiste fut de nouveau jeté en prison et condamné cette fois à payer une très grosse amende aux propriétaires du moulin, pour le dommage qu’il leur avait causé. Et, en outre, il dut payer de très forts bakchiches pour recouvrer sa liberté. Mais, en même temps, on lui rendit ses babouches.