Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/186

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L’INVITATION À LA PAIX UNIVERSELLE


Il est raconté qu’un vénérable cheikh de village avait, dans sa ferme, une belle basse-cour à laquelle il donnait tous ses soins, et qui était bien pourvue de volailles mâles et de volailles femelles qui lui produisaient de beaux œufs et de superbes poulets bons à manger. Or, parmi ses volailles mâles, il possédait un grand et merveilleux Coq à la voix claire, au plumage brillant et doré, et qui, avec toutes les qualités de la beauté extérieure, était doué de vigilance, de sagesse et d’expérience dans les affaires du monde, les changements du temps et les revers de la vie. Et il était plein de justice et d’attention pour ses épouses, et remplissait ses devoirs auprès d’elles avec autant de zèle que d’impartialité, pour ne pas laisser la jalousie entrer dans leurs cœurs et l’animosité dans leurs regards. Et il était cité, parmi tous les sujets de la basse-cour, comme le modèle des maris, pour la puissance et la bonté. Et son maître l’avait appelé Voix-de-l’Aurore.

Or, un jour, Voix-de-l’Aurore, pendant que ses épouses vaquaient aux soins de leurs petits et se faisaient les plumes, sortit visiter les terres de la ferme. Et, tout en s’émerveillant de ce qu’il voyait, il piquait et becquetait à même le sol, à mesure qu’il rencontrait sur son passage des grains de froment