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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/194

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les mille nuits et une nuit

qua avec beaucoup de plaisir. Puis il dit aux eunuques de porter le reste au harem. Et les eunuques se hâtèrent d’exécuter l’ordre. Et les femmes, elles aussi, éprouvèrent beaucoup de délices à manger de ces primeurs. Et elles prirent, chacune, ce qu’elles voulaient, en se congratulant mutuellement, disant : « Que les primeurs de l’an prochain nous apportent la santé et nous trouvent en vie et en beauté ! » Puis elles distribuèrent aux esclaves ce qui resta dans la corbeille. Et, d’un commun accord, elles dirent : « Par Allah ! ces primeurs sont quelque chose d’exquis ! Et il faut bien donner un bakchiche au bonhomme qui les a apportées ! » Et elles envoyèrent au fellah, par l’intermédiaire des eunuques, cent dinars d’or. Et le roi, également, était extrêmement satisfait du concombre frisé qu’il avait mangé, et il ajouta encore deux cents dinars au don de ses femmes. Et le fellah toucha de la sorte, pour sa corbeille de primeurs, trois cents dinars d’or. Mais ce ne fut pas tout. Car le sultan, lui ayant posé diverses questions sur les choses de l’agriculture et sur d’autres choses encore, l’avait trouvé tout à fait à sa convenance, et s’était plu à ses réponses ; car le fellah avait la parole élégante, la langue diserte, la réplique sur les lèvres, l’esprit fertile, le geste bien façonné et le langage poli et distingué. Et le sultan voulut en faire immédiatement son commensal, et lui dit : « Ô cheikh, sais-tu comment on tient compagnie aux rois ? » Et le fellah répondit : « Je sais. » Et le sultan lui dit : « C’est bien, ô cheikh ! Retourne vite dans ton village porter à la famille ce qu’Allah t’a accordé aujourd’hui pour lot, et reviens en toute