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les mille nuits et une nuit

que de coutume, envoya chercher le fruitier, son commensal, et lui fit les souhaits du matin, et lui demanda : « Comment s’est passée ta nuit, ô cheikh ? » Et le fellah raconta au sultan tout ce qu’il avait éprouvé, sans lui cacher un détail. Et le sultan, en entendant cela, se mit à rire tellement qu’il se renversa sur le derrière ; puis il s’écria : « Par Âllah ! la jeune fille, qui a traité de cette façon judicieuse le nouement de tes aiguillettes, est une jeune fille douée de science, de finesse et d’esprit ! Et je la reprends pour mon usage personnel ! Et il la fit venir, et lui ordonna de lui raconter ce qui s’était passé. Et la jeune fille répéta au roi la chose telle qu’elle était arrivée, et lui narra dans tous leurs détails les efforts qu’elle avait faits pour dissiper le sommeil de l’entêté fils-de-son-père, et le traitement qu’elle avait fini par lui appliquer, sans résultat ! » Et le roi, à la limite de la jubilation se tourna vers le fellah et lui demanda : « Est-ce vrai, cela ? » Et le fellah fit de la tête un signe affirmatif, et baissa les yeux. Et le roi, riant de toute sa gorge, lui dit ; Par ma vie sur toi, ô cheikh ! raconte-moi encore ce qui s’est passé ! » Et lorsque le pauvre homme eut répété son récit, le sultan se mit à pleurer de joie, et s’écria : « Ouallah ! c’est là une chose prodigieuse ! » Puis, comme le muezzin venait de faire sur le minaret l’appel à la prière, le sultan et le fruitier remplirent leurs devoirs envers leur Créateur, et le sultan dit : « Maintenant, ô cheikh des hommes délicieux, hâte-toi, pour compléter ma joie, de me raconter les histoires promises ! » Et le fruitier dit : « De tout cœur amical et comme hommages dus