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les mille nuits et une nuit

Or le sultan, oncle de Nourennahar, s’était toujours dit en son esprit que, lorsqu’elle serait devenue pubère, il la donnerait en mariage à quelque fils de roi d’entre ses voisins. Mais, quand elle eut mis le voile de la puberté, il ne tarda pas à s’apercevoir que les trois princes, ses fils, l’aimaient passionnément d’un égal amour, et désiraient en leur cœur la conquérir et la posséder. Et il fut bien troublé en son âme et bien perplexe, et il se dit ; « Si je donne la princesse Nourennahar à l’un de ses cousins, de préférence aux deux autres, ceux-ci ne seront pas contents et murmureront contre ma décision ; et mon cœur ne pourra pas endurer de les voir attristés et blessés ; et si je la marie à quelque prince étranger, mes trois fils en.seront à la limite du chagrin et de la détresse, et leur âme en sera noircie et endolorie ; et qui sait, dans ce cas, s’ils ne se tueront pas de désespoir ou s’ils ne fuiront pas notre demeure pour quelque guerre dans un pays lointain ! En vérité, l’affaire est pleine de trouble et de périls, et elle est loin d’être facile à résoudre ! » Et le sultan se mit à réfléchir un long temps sur la question, et soudain il releva la tête et s’écria : « Par Allah ! l’affaire est résolue ! » Et il appela sur-le-champ les trois princes Ali, Hassân et Hôssein, et leur dit : « Ô mes fils, vous avez à mes yeux les mêmes mérites, exactement, et je ne puis me résoudre à préférer l’un de vous, au détriment de ses frères, en lui accordant en mariage la princesse Nourennahar ; et je ne puis non plus la marier à vous trois à la fois. Aussi ai-je trouvé un moyen propre à vous satisfaire également, sans léser l’un de vous,