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histoire de la princesse nourennahar…
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que je touche avec ma main ! » Et le crieur, sans s’émouvoir, répondit : « Où sont les quarante mille dinars d’or, ô mon maître ? Et où sont les mille autres que tu me promets dans ta générosité ? » Et le prince Ali répondit : « Ils sont au grand khân des marchands, où je suis logé avec mon esclave ! Et je vais y aller avec toi, pour te les compter, une fois que j’aurai vu et touché ! » Et le crieur répondit : « Sur ma tête et sur mes yeux ! Mais le grand khân des marchands est assez éloigné, et nous y serons bien plus vite rendus sur ce tapis que sur nos pieds ! » Et, se tournant vers le maître de la boutique, il lui dit : « Avec ta permission ! » Et il alla à l’arrière-fond de la boutique, et, y étendant le tapis, il pria le prince de s’y asseoir. Et s’étant assis à côté de lui, il lui dit : « Ô mon seigneur, forme en ton esprit le souhait d’être transporté à ton khân, dans ton propre logement ! » Et le prince Ali formula en son âme le souhait. Et, avant qu’il eût le temps de prendre congé du maître de la boutique, qui l’avait reçu si civilement, il se vit transporté dans son propre appartement, sans secousse et sans malaise, dans la situation même qu’il occupait, et sans pouvoir se rendre compte s’il avait traversé les airs ou s’il avait passé par-dessous terre. Et le crieur était toujours à côté de lui, souriant et satisfait. Et son esclave était déjà accouru entre ses mains pour se mettre à ses ordres.

En acquérant cette certitude de la vertu merveilleuse du tapis, le prince Ali dit à son esclave : « Compte à l’instant à cet homme béni quarante bourses de mille dinars, et remets-lui, dans son au-