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les mille nuits et une nuit

semblable. Mais, quelque admirable qu’il soit, vous conviendrez tous deux avec moi qu’il peut y avoir d’autres choses dans le monde qui soient dignes d’attention, et, pour vous en donner la preuve, voici ce tuyau d’ivoire qui, à première vue, ne parait pas une rareté si extraordinaire. Croyez cependant qu’il m’a coûté ce qu’il m’a coûté, et, qu’en dépit de son apparence modeste, c’est un objet tout à fait merveilleux. Et vous n’hésiterez pas à me croire, lorsque vous aurez appliqué votre œil sur l’extrémité de ce tuyau, où vous voyez ce cristal. Tenez ! faites comme je vais vous montrer ! »

Et il appliqua le tuyau d’ivoire sur son œil droit, en fermant son œil gauche, et en disant : « Ô tuyau d’ivoire, fais-moi tout de suite voir la princesse Nourennahar : » Et il regarda à travers le cristal. Et ses deux frères, qui avaient les yeux sur lui, furent à la limite de l’étonnement de le voir soudain, changer de visage et devenir bien jaune de teint, comme sous le coup d’une grande affliction ! Et, avant qu’ils aient eu le temps de l’interroger, il s’écria : « Il n’y a de force et de recours qu’en Allah ! Ô mes frères, c’est en vain que tous trois nous avons entrepris un voyage si pénible, dans l’espoir du bonheur ! Hélas ! dans quelques instants notre cousine ne sera plus en vie, car je viens de la voir dans son lit, entourée par ses femmes en pleurs, et par les eunuques désespérés. Vous allez d’ailleurs juger par vous-mêmes de l’état pitoyable où elle se trouve réduite, ô notre calamité ! » Et, parlant ainsi, il remit le tuyau d’ivoire au prince Ali, en lui disant de formuler en son esprit le souhait de voir la princesse. Et le