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les mille nuits et une nuit

que je m’adresse désormais pour avoir fréquemment de tes nouvelles, et n’être plus dans l’état d’inquiétude où m’avait plongé ton absence ? » Et le prince Hôssein répondit : « Pour ce qui est de ta tranquillité, ô mon père, sache que j’y veillerai moi-même, en me rendant si fréquemment auprès de toi que je craindrai presque de me rendre importun. Mais pour ce qui est de t’indiquer l’endroit où l’on peut avoir de mes nouvelles, je te supplie de me dispenser de te le révéler, car c’est là un mystère de la foi que j’ai jurée et du serment que je tiens à tenir. » Et le sultan, ne voulant pas insister davantage à ce sujet, dit au prince Hôssein : « Ô mon fils, qu’Allah me garde de pénétrer plus avant, contre ton gré, dans le secret. Tu peux, quand tu veux, retourner à ce séjour de délices où tu habites. Seulement je veux te demander de me faire également, à moi, ton père, une promesse, et c’est de revenir me voir une fois tous les mois, sans crainte de m’importuner, comme tu dis, ou de me déranger. Car quelle occupation plus chère peut avoir un père aimant, sinon de se réchauffer le cœur de l’approche de ses enfants et de se rafraîchir l’âme de leur présence, et de se réjouir les yeux de leur vue ? » Et le prince Hôssein répondit par l’ouïe et l’obéissance, et, ayant fait le serment demandé, resta au palais trois jours entiers, au bout desquels il prit congé de son père, et partit le matin du quatrième jour, à l’aube, à la tête de ses cavaliers, fils des genn, comme il était venu…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.