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histoire de kamar et de l’experte halima
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qu’elle n’avait jusqu’alors qu’entrevu par la fenêtre, comme il entrait dans la maison, et se mit à le contempler. Et elle vit qu’il était tout à fait à sa convenance. Et elle commença par s’asseoir tout contre lui, et se mit à lui caresser doucement le visage avec la main. Et soudain cette poulette affamée se jeta goulûment sur le jouvenceau et se mit à lui becqueter les lèvres et les joues si violemment que le sang en jaillissait. Et ces becquées cruelles durèrent un certain temps et furent remplacées par de tels mouvements qu’Allah seul pouvait savoir ce qui pouvait bien se passer sous toute cette agitation de la poulette à califourchon sur le jeune coq endormi.

Et la nuit entière s’écoula dans ce jeu. Mais lorsqu’apparut le matin, cette chaude jouvencelle se décida à se lever ; et elle tira de son sein quatre osselets d’agneau et les mit dans la poche de Kamar. Et, cela fait, elle le quitta et rentra dans le harem. Et elle dépêcha vers lui l’esclave confidente qui exécutait d’ordinaire ses ordres, celle-là même qui tenait le glaive nu lors de la marche du cortège à travers les souks de Bassra. Et l’esclave, pour dissiper le sommeil du jeune Kamar et du vieux joaillier, leur souffla dans les narines une poudre qui était un puissant antidote. Et l’effet de cette poudre ne tarda pas à se produire ; car les deux endormis se réveillèrent, aussitôt après avoir éternué. Et la jeune esclave dit au joaillier : « Ô notre maître, notre maîtresse Halima m’envoie te réveiller et te dit : « C’est l’heure de la prière du matin, et voici le muezzin qui fait l’appel aux Croyants, sur le minaret. Et voici, en