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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/104

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les mille nuits et une nuit

gistes en pierres et en chevaux, moi je suis le généalogiste de l’espèce humaine. Et si mes compagnons sont des savants d’entre les plus distingués, moi je passe pour être la couronne sur leur tête, incontestablement. Car, ô mon seigneur et la couronne sur ma tête, j’ai le pouvoir de connaître la véritable origine de mes semblables, non point l’origine indirecte mais la directe, celle que la mère de l’enfant peut à peine connaître et que le père ignore, généralement. Sache, en effet, qu’à la seule vue d’un homme, et à la seule audition du timbre de sa voix, je puis, sans hésitation, lui dire s’il est fils légitime ou s’il est adultérin, et lui dire, en outre, si son père et sa mère ont été des enfants légitimes ou des produits d’illicite copulation, et lui révéler le licite ou l’illicite de la naissance des membres de sa famille, en remontant jusqu’à notre père Ismaël ben-Ibrahim — sur eux deux les grâces d’Allah et la plus choisie des bénédictions ! Et j’ai pu de la sorte, grâce à la science dont m’a doué le Rétributeur — qu’il soit exalté ! — détromper bon nombre de grands seigneurs sur la noblesse de leur naissance, et leur prouver, par les preuves les plus péremptoires, qu’ils n’étaient que le résultat d’une copulation de leur mère avec tantôt un chamelier, tantôt un ânier, tantôt un cuisinier, tantôt un faux eunuque, tantôt un nègre noir, et tantôt un esclave d’entre les esclaves, ou quelque chose de semblable. Et si, ô mon seigneur, la personne que j’examine est une femme, je puis également, rien qu’en la regardant à travers son voile de visage, lui dire sa race, son origine, et jusqu’à la profession de ses parents ! Et voilà, ô roi du temps, une partie seu-