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les mille nuits et une nuit

en deux ! » Et la pierre fut rompue à l’instant. Et le roi et tous les assistants furent à l’extrême limite de l’étonnement en voyant sortir un ver blanc du cœur même de la pierre. Et ce ver, dès qu’il fut à l’air, prit feu de lui-même et se consuma en un instant, sans laisser la moindre trace de son existence.

Or, lorsque le sultan fut revenu de son émotion, il demanda au généalogiste : « Par quel moyen as-tu pu t’apercevoir de l’existence, dans le cœur de la pierre, de ce ver que nul de nous ne pouvait voir ? » Et le généalogiste répondit avec modestie : « Par la subtilité de la vue de l’œil que j’ai au bout de mon petit doigt, et par la sensibilité de ce doigt à la chaleur et au froid de cette pierre ! »

Et le sultan, émerveillé de sa science et de sa subtilité, dit au fonctionnaire du pal : » Lâche-le ! » Et il ajouta : « Qu’on lui donne aujourd’hui une double ration de pain et de viande, et de l’eau à discrétion ! »

Et voilà pour le généalogiste lapidaire !

Mais pour ce qui est du généalogiste des chevaux, voici :

Quelque temps après cet événement de la gemme habitée par le ver, le sultan reçut de l’intérieur de l’Arabie, comme marque de féalité de la part d’un puissant chef de tribu, un cheval bai brun, d’une beauté admirable. Et, enchanté de ce présent, il passait des jours entiers dans l’écurie à l’admirer. Et comme il n’oubliait pas la présence dans le palais du généalogiste des chevaux, il lui fit transmettre l’ordre de se présenter devant lui. Et lorsqu’il fut entre ses mains, il lui dit : « Ô homme, prétends-tu toujours t’y connaître en chevaux, de la manière que