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les mille nuits et une nuit

mère était restée vierge jusqu’à son mariage avec l’intendant du palais. Et il se laissa alors aller à la surprise que lui causait la science du perspicace généalogiste. Et il lui demanda : « Comment t’y es-tu pris pour deviner, ô savant, que ma favorite était une fille de Ghaziya, fille de danseuse, fille elle-même de prostituée ? » Et le généalogiste mangeur de haschich répondit : « Voici ! D’abord c’est ma science — Allah est plus savant ! — qui m’a mis sur la voie de cette découverte. Et c’est ensuite le fait que les femmes de race Ghaziya ont toutes, comme ta favorite, les sourcils fort épais et se rejoignant à la racine du nez, et ont, comme elle également, les yeux les plus intensément noirs d’Arabie ! »

Et le roi, émerveillé de ce qu’il venait d’entendre, ne voulut point congédier le généalogiste sans lui donner une marque probante de sa satisfaction. Il se tourna donc vers les serviteurs qui étaient rentrés, et leur dit : « Donnez aujourd’hui à ce savant distingué une double ration de viande et deux galettes du jour, ainsi que de l’eau à discrétion ! »

Et voilà pour le généalogiste de l’espèce humaine ! Mais ce n’est pas tout, car ce n’est pas fini.

En effet, le lendemain, le sultan, ayant passé sa nuit à réfléchir sur ce qu’avaient fait les trois compagnons, et sur la profondeur de leur science dans les diverses branches de la généalogie, se dit à lui-même : « Par Allah ! après ce que m’a dit ce généalogiste de l’espèce humaine sur l’origine de la race de ma favorite, il n’y a plus qu’à le déclarer l’homme le plus savant de mon royaume. Mais auparavant