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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/132

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les mille nuits et une nuit

la vertu d’humilité devant Allah t’a donné plus de titres de noblesse que n’en donne aux fils des rois un millénaire de domination, me serait-il permis d’exprimer un souhait, ô le plus grand ? » Et l’ancien sultan dit : « Sur ma tête et sur mes yeux, ô roi magnanime !» Et sultan Mahmoud dit : « J’aimerais être ton ami ! »

Et, ayant ainsi parlé, il embrassa de nouveau l’ancien sultan, devenu derviche, et lui dit : « Quelle vie admirable sera la nôtre désormais, ô mon frère ! Ensemble nous sortirons, ensemble nous rentrerons, et, la nuit, nous irons parcourir, sous le déguisement, les divers quartiers de la ville, pour le bénéfice moral que pourront nous donner ces promenades. Et, dans ce palais, tout t’appartiendra par moitié, en toute cordialité. De grâce ! ne me refuse pas, car le refus est une des formes de la parcimonie ! »

Et, le sultan-derviche ayant accepté d’un cœur ému l’offre amicale, le sultan Mahmoud ajouta : « Ô mon frère et mon ami, sache à ton tour que, moi aussi, j’ai dans ma vie une histoire. Et cette histoire est si étonnante que, si elle était écrite avec les aiguilles sur le coin intérieur de l’œil, elle servirait de leçon salutaire à qui la lirait avec déférence. Et je ne veux pas davantage tarder à te la raconter, afin que tu saches, au début même de notre amitié, ce que je suis et ce que j’ai été ! »

Et sultan Mahmoud, ayant rassemblé vers un seul point ses souvenirs, dit au sultan-derviche, devenu son ami :