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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/159

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histoire de l’adultérin… (premier fou)
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Et, voici ! j’aperçus à l’entrée de la seconde salle, jetés négligemment en tas dans un coin, toutes les précieuses étoffes que j’avais vendues à la vieille. Et bientôt entrèrent deux jeunes filles comme deux lunes, qui tenaient chacune un seau plein d’eau de roses. Et elles déposèrent leurs seaux sur les dalles de marbre blanc, et, s’approchant du tas d’étoffes précieuses, elles en prirent une au hasard, et la coupèrent en deux parties, comme elles eussent fait d’un torchon de cuisine. Puis chacune d’elles se dirigea vers son seau, et relevant ses manches jusqu’aux aisselles, elle plongea le morceau d’étoffe précieuse dans l’eau de roses, et se mit à mouiller et à laver les dalles, et à les sécher ensuite avec d’autres morceaux de mes étoffes précieuses, pour enfin les frotter et les faire briller avec ce qui restait des pièces qui avaient coûté cinq cents dinars chacune. Et lorsque ces jeunes filles eurent fini ce travail et que le marbre fut devenu comme de l’argent, elles couvrirent le sol de tissus si beaux que ma boutique tout entière eût été vendue sans rapporter la somme nécessaire pour l’acquisition du moins riche d’entre eux. Et sur ces tissus elles étendirent un tapis en laine de chevreau musqué et des coussins gonflés de plumes d’autruche. Après quoi elles apportèrent cinquante carreaux de brocart d’or, et les rangèrent en bon ordre autour du tapis central ; puis elles se retirèrent.

Et, voici ! deux par deux, entrèrent des jeunes filles qui se tenaient par les mains, et qui vinrent se ranger chacune devant un des carreaux de brocart ; et comme elles étaient cinquante, elles se trou-