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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/165

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histoire de l’adultérin… (premier fou)
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Or, en arrivant au palais où maintenant j’habitais, mon épouse me reçut avec des transports inexprimables, et moi je répondis comme l’enclume répond au marteau. Et mon coq sans crête ni voix ne fut pas en retard avec cette volaille appétissante, et sut ne point déchoir de sa réputation de vaillant encorneur, car, par Allah ! ô mon maître, le bélier ce soir-là ne donna pas moins de trente coups de corne à cette brebis batailleuse, et ne cessa la lutte que lorsque sa partenaire eut crié grâce, en demandant l’amân.

Et pendant trois mois je continuai à vivre de cette vie active, pleine de combats nocturnes, de batailles matinales et d’assauts diurnes. Et en moi-même je m’émerveillais tous les jours de mon sort, en me disant : « Quelle chance est la mienne qui m’a fait faire la rencontre de cette ardente jouvencelle, et qui me l’a donnée pour épouse ! Et quelle étonnante destinée que celle qui m’a octroyé, en même temps que cette motte de beurre frais, un palais et des richesses comme n’en possèdent pas les rois ! » Et il ne se passait pas de jour sans que je fusse tenté de m’informer, auprès des esclaves, du nom et de la qualité de celle que j’avais épousée sans la connaître et sans savoir de qui elle était la fille ou la parente.

Mais, un jour d’entre les jours, me trouvant seul à l’écart avec une jeune négresse d’entre les esclaves noires de mon épouse, je la questionnai sur ces matières, en lui disant : « Par Allah sur toi, ô jeune fille bénie, ô blanche intérieurement, dis-moi ce que tu sais au sujet de ta maîtresse, et tes paroles je les