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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/184

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les mille nuits et une nuit

fourniront le plus de chances de le convaincre. »

Et, ayant ainsi parlé, l’adolescente du parfait amour réfléchit un moment et me dit : « Voici ! Lorsque tu te présenteras devant mon père, qui est le Cheikh al-Islam, et que tu lui feras ta demande de mariage, il te dira sûrement : « Ô mon fils, il faut que tu ouvres les yeux. Sache que ma fille est une percluse, une estropiée, une bossue, une… » Mais toi, tu l’interrompras pour lui dire : « J’en suis content ! j’en suis content ! » Et il continuera : « Ma fille est une borgne, une bretaudée quant aux oreilles, une puante, une boiteuse, une baveuse, une pisseuse, une… » Mais tu l’interrompras pour lui dire : « J’en suis content ! j’en suis content ! » Et il continuera : « Ô pauvre, ma fille est une dégoûtante, une vicieuse, une pétante, une morveuse, une… » Mais tu l’interrompras pour lui dire : « J’en suis content ! j’en suis content ! » Et il continuera : « Mais tu ne sais pas, ô pauvre ! Ma fille est une moustachue, une ventrue, une mamelue, une manchote, un pied-bot, une louche quant à l’œil gauche, une mamelonnée huileuse quant au nez, une criblée de petite vérole quant au visage, une fétide quant à la bouche, une déchaussée et branlante quant aux dents, une mutilée quant à son intérieur, une chauve, une galeuse épouvantable, une horreur tout à fait, une abominable malédiction ! » Et toi, l’ayant laissé achever de déverser sur moi cette jarre effroyable, tu lui diras : « Hé, par Allah ! j’en suis content ! j’en suis content…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.