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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/19

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histoire de gerbe-de-perles
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pleine de bonne grâce. Et il était vêtu d’une tunique en soie de Nischabour, avait sur les épaules un manteau en velours frangé d’or, et portait au doigt un anneau de rubis. Et il s’avança vers eux, avec un sourire de bienvenue sur les lèvres et la main gauche sur le cœur, et leur dit : « Le salam et la cordialité aux seigneurs bienveillants qui nous favorisent d’une faveur suprême par leur venue ! »

Et ils entrèrent dans la demeure, et, d’en avoir vu la merveilleuse disposition, ils la crurent un morceau même du Paradis, car sa beauté intérieure surpassait, et de beaucoup, sa beauté du dehors, et, sans aucun doute, eût fait perdre à l’amoureux torturé le souvenir de son bien-aimé.

Et, dans la salle de réunion, un petit jardin se mirait au bassin d’albâtre, où chantait le jet de diamant, et, de par ses limites mêmes, était un frais délice et un enchantement. Car si le grand jardin faisait à la demeure, de toutes les fleurs et de tous les feuillages qui ornent la terre d’Allah, une ceinture, et si, par sa splendeur, il était la folie de la végétation, le petit jardin en était visiblement la sagesse. Et les plantes qui le composaient étaient quatre fleurs, oui, elles étaient, en vérité, quatre fleurs seulement, mais comme l’œil humain n’en avait contemplé qu’aux jours premiers de la terre.

Or, la première fleur était une rose, inclinée sur sa tige et toute seule, non pas celle des rosiers, mais la rose originelle, dont la sœur avait fleuri dans l’Éden, avant la descente courroucée de l’ange. Et elle était, éclairée par elle-même, une flamme d’or rouge, un feu de joie attisé par en-dedans, une riche aurore,