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histoire de gerbe-de-perles
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ce que par leur image, ces quatre fleurs, avait, même quand se taisait le jet musical et que cessait la pluie de diamant, de nombreux frissons d’émoi. Et les quatre fleurs, de se savoir si belles, se penchaient souriantes sur leurs tiges, et se regardaient attentivement.

Et rien n’ornait cette salle de marbre blanc et de fraîcheur, hormis ces quatre fleurs sur ce bassin. Et le regard s’y reposait ravi, sans demander rien de plus.

Or, lorsque le khalifat et son compagnon se furent assis sur le divan tendu de tapis du Khorassân, l’hôte les invita, après de nouveaux souhaits de bienvenue, à partager avec lui le repas, composé de choses exquises que venaient d’apporter, sur des plateaux d’or, les serviteurs, et qu’ils posaient sur des tabourets de bambou. Et le repas se passa dans la cordialité dont usent les amis pour leurs amis, et fut égayé par l’entrée, sur un signal de l’hôte, de quatre adolescentes au visage de lune qui étaient, la première une joueuse de luth, la seconde une joueuse de cymbales, la troisième une chanteuse, et la quatrième une danseuse. Et, tandis que par la musique, par le chant et par la grâce des mouvements, elles complétaient, à elles quatre, l’harmonie de cette salle et enchantaient l’air, l’hôte et ses deux invités goûtaient aux vins dans les coupes, et se dulcifiaient aux fruits cueillis avec leurs branches, si beaux qu’ils ne pouvaient venir que des arbres du Paradis.

Et le conteur Ibn-Hamdoun, bien qu’habitué à être somptueusement traité par son maître, se sen-