Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de l’adultérin… (troisième fou)
205

la solitude ? Ô mon fils, rien n’est aussi plein de richesse que le renoncement, et rien n’est aussi satisfaisant que la solitude ! » Mais je répondis : « Ô mon père et ma mère, si je ne puis voir la princesse, ne fût-ce que pour jeter sur elle un seul regard, je mourrai. »

Alors mon maître, qui m’aimait, voyant ma tristesse et mon affliction, me dit : « Enfant, un regard sur la princesse satisferait-il tous tes désirs ? » Et je répondis : « Sans aucun doute ! » Alors mon maître s’approcha de moi en soupirant, frotta l’arc de mes yeux avec une sorte d’onguent, et, au même instant, une partie de mon corps disparut, et il ne resta en moi de visible que la moitié d’un homme, un tronc doué de mouvement. Et mon maître me dit : « Transporte-toi maintenant au milieu de la ville. Et tu atteindras ainsi le but que tu souhaites. » Et je répondis par l’ouïe et l’obéissance, et je me transportai en un clin d’œil sur la place publique, où, dès mon arrivée, je me vis entouré d’une foule innombrable. Et chacun me regardait avec étonnement. Et de tous côtés on accourait pour contempler cet être singulier qui n’avait d’un homme que la moitié, et qui se mouvait avec tant de rapidité. Et le bruit de cet étrange phénomène se répandit bientôt dans la ville, et parvint jusqu’au palais où demeurait la fille du sultan avec sa mère. Et elles désirèrent toutes deux satisfaire sur moi leur curiosité, et envoyèrent les eunuques me prendre pour me mener en leur présence. Et je fus conduit au palais et introduit dans le harem, où la princesse et sa mère satisfirent sur moi leur curiosité, tandis que je regardais. Après