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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 13, trad Mardrus, 1903.djvu/219

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histoire de l’adultérin… (troisième fou)
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vu notre fille endormie avec son honorable à nu, il n’a pas pu résister au désir de la pincer là même. Et c’est ce qui est arrivé, certainement. » Et, ayant ainsi parlé, elle courut fermer la fenêtre et la porte, et ajouta : « Avant de mettre à notre fille une compresse d’eau froide et de vinaigre, il faut nous hâter de chasser le Malin. Et il n’y a qu’un moyen efficace, et c’est de brûler dans la chambre des crottes de chameau. Car les crottes de chameau sont incompatibles avec l’odorat des genn, des mareds et de tous les innomables. Et je sais les paroles qu’il faut prononcer pendant cette fumigation ! » Et aussitôt elle cria aux eunuques, massés derrière la porte : « Allez vite nous chercher un panier de crottes de chameau. »

Et, pendant que les eunuques étaient allés exécuter l’ordre, la mère s’approcha de sa fille et lui demanda : « Es-tu sûre, ô ma fille, que le Malin ne t’a rien fait de plus ? Et n’as-tu rien senti de ce que je veux dire ? » Elle dit : « Je ne sais pas ! » Alors la mère et la nourrice baissèrent la tête et examinèrent la jeune fille. Et elles virent, ô mon seigneur, que, selon ce que je t’avais dit, tout était à sa place, et qu’il n’y avait aucune trace de violence sur le revers ou sur la face. Mais le nez de la maudite nourrice, qui était perpicace, lui fît dire : « J’ai senti sur notre fille l’odeur d’un genni mâle ! » Et elle cria aux eunuques : « Où sont les crottes, ô maudits ! » Et, à ce moment, les eunuques arrivèrent avec le panier ; et ils se hâtèrent de le remettre à la vieille, à travers la porte un instant entr’ouverte.

Alors la vieille nourrice, après avoir enlevé les tapis qui recouvraient le sol, versa le panier de